Démocratie en entreprise : une réalité au sein des coopératives
L'entreprise, et la coopérative en particulier, est un lieu et un collectif où les différents acteurs peuvent œuvrer pour redonner confiance en la démocratie et au progrès social, alors que nous traversons une crise de confiance envers la démocratie. Eclairages à l’occasion de la journée internationale de la démocratie (15 septembre).
Crise démocratique, fractures sociales : ces dernières années, le bien vivre ensemble semble mis à mal chez des Français qui sont nombreux à s'en inquiéter. Ainsi, 76 % des personnes interrogées estiment la démocratie française actuellement «en mauvaise santé» selon un sondage Viavoice. Ce pessimisme se double d'une crainte de déclassement social, puisque 60% des citoyens disent craindre de basculer dans la précarité, d'après un sondage Ipsos. Cette défiance vise moins le principe de la démocratie elle-même que la croyance en sa capacité à changer les choses. En soutenant la démocratique dans le monde du travail, où chaque employé est aussi un citoyen, on peut contribuer à renforcer la confiance en la démocratie.
Gouvernance démocratique et démocratie en entreprise
Mais que désigne-t-on par démocratie en entreprise ? Elle est souvent, à tort, assimilée à la bonne gouvernance ou à la démocratie actionnariale (égalité de droits de vote entre les différents actionnaires). « Mais il ne s’agit là que de formes embryonnaires de démocratie », écrit Thibaud Brière, docteur en philosophie et spécialisé dans l'analyse et la mise en œuvre des nouvelles formes d'organisation du travail.
Chaque entreprise propose déjà des formes de démocratie : représentative (Comité Social Economique ou CSE) et démocratie directe et participative avec le droit à la libre expression. Mais selon Thibaud Brière, la démocratie en entreprise désigne « des entreprises dirigées par leurs membres, d’une manière ou d’une autre. Ce qui veut souvent dire gérées par leurs membres, en tout ou partie. Et cela veut aussi souvent dire possédées par leurs membres, à un degré ou à un autre. » Cette définition correspond à certaines formes d'entreprises.
Cela s’applique d’abord aux coopératives dont les associés sont leurs salariés (comme UpCoop) ou leurs clients (C’est le cas dans les banques coopératives et les mutuelles). Les chefs y sont élus par les membres, suivant le principe démocratique « un homme = une voix » et chaque voix pèse dans les décisions.
Viennent ensuite les entreprises qui ont le label SAGP sociétés à gestion partagées), plus rares en France. Leur but est de permettre l’association des salariés, en tant que tel, aux prises de décision. Dans la SAGP, les salariés participent aux décisions aujourd’hui dévolues à la seule Assemblée générale des actionnaires.
En effet, pour Thibaud Brière, on ne peut pas parler « de démocratie quand il y a simplement consultation des salariés avant la prise de décision du hiérarchique. La démocratie, à proprement parler, commence quand il y a non seulement consultation mais concertation : quand les décisions sont prises de concert entre salariés et dirigeants. » Les coopératives, par leur modèle de fonctionnement, sont très proches de cette définition.
La coopérative, un modèle d'entreprise avec le progrès social au cœur
Loin des clichés de la très petite entreprise ou de la société en faillite reprise par ses salariés, les sociétés coopératives et participatives (Scop) et les sociétés coopératives d’intérêt collectif (SCIC) sont nombreuses et de taille variée en France. On en dénombre 23 880, qui représentent 313 239 emplois (soit 12% des emplois de l’Economie Sociale et Solidaire) et elles génèrent 329 milliards d’euros de chiffre d’affaires, selon le Panorama de l’ESS de 2022.
Les entreprises coopératives sont par ailleurs présentes dans tous les secteurs. Parmi elles des marques connues et reconnues : SODIAAL, première coopérative laitière en France, E. Leclerc, ORPI, et UpCoop.
Force est de constater qu’au sein des coopératives, la démocratie en entreprise et la gouvernance partagée permettent des modes de management originaux et favorisent la qualité de vie et des conditions de travail et le progrès social : « Les Scop déclinent globalement trois principes en P : participer, partager, prendre part », explique une étude de la Confédération générale des Scop (…). Le modèle coopératif basé sur le partage du pouvoir, des décisions, des résultats et du projet d’entreprise est de ce point de vue innovant en termes de management ».
La démocratie d’entreprise au sein de la coopérative UpCoop
Nous sommes convaincus que l’entreprise, et la coopérative en particulier, doit être un espace de dialogue et de partage, où les différents acteurs peuvent retrouver confiance en la démocratie.
Youssef Achour, président de la coopérative UpCoop et du groupe Up
En effet, au sein d’UpCoop, coopérative depuis sa création en 1964 et maison-mère du groupe Up, les salariés sociétaires élisent la direction de l’entreprise et valident ses orientations stratégiques. D'ailleurs, en juin 2023, les 648 salariés sociétaires ont élu, en leur sein, un nouveau Conseil d’Administration composé de 8 femmes et de 8 hommes ayant des expériences diverses et complémentaires, dont 3 représentants du Comité Economique et Social, et 3 administrateurs externes représentant les Confédérations Syndicales qui ont contribué à la création de la coopérative en 1964.
UpCoop défend le dialogue social comme pilier d'une entreprise plus démocratique et a toujours inclus les partenaires sociaux dans le développement du groupe et même de ses services. Ainsi, par exemple, le titre restaurant UpDéjeuner, solution phare d'UpCoop, a été inventé en 1964 par des militants syndicaux qui souhaitaient donner à tous les salariés, y compris ceux dont l'entreprise n'avait pas de cantine, les moyens de bien manger à midi.
De même, le Chèque emploi service universel préfinancé Chèque Domicile, une des solutions proposées par UpCoop, a également été co-construite avec des organisations syndicales. L'objectif commun était alors d'améliorer la conciliation entre vie privée et vie professionnelle, porter les questions d'égalité entre femmes et hommes dans les entreprises, et lutter contre le travail au noir dans les services à domicile, pour la protection des travailleurs.
Une démarche de coopération et d’ouverture dans laquelle la coopérative UpCoop continue de s’inscrire pour faire vivre les valeurs démocratiques et améliorer concrètement le pouvoir d’achat et la qualité de vie des salariés et citoyens.