Vers la reconnaissance des compétences des représentants du personnel
Aujourd’hui, les représentants du personnel manquent singulièrement de repères pour valoriser les compétences invisibles qu’ils développent au cours de leur mandat. D’où l’importance du prochain référentiel que le ministère du Travail va concocter en concertation avec les syndicats.
Quelle soit devenue ou non un métier, la mission d’un représentant du personnel va de pair avec le développement de compétences, sans rapport avec le métier d’origine de l’élu et donc de sa formation. Les secrétaires de CE importants et les délégués syndicaux centraux qui négocient des accords, de plus en plus techniques, ne sont pas rares à ne pas avoir le bac.
Les choses se corsent si l’envie leur vient en revanche de vouloir rendre visible les compétences acquises pour évoluer professionnellement, en dehors d’un mandat d’élu. Un décret clef est attendu pour officialiser le socle des compétences correspondant à l’exercice d’un mandat de représentant du personnel ou d’un mandat syndical.
Le 16 décembre dernier, lors du colloque « Progression, stagnation, reconversion : quelles trajectoires pour les représentants du personnel ? », organisé par Miroir Social et Trouver une formation CE, Stéphane Rémy, chef de mission à la Délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle (DGEFP), a annoncé que le groupe de travail regroupant l’ensemble des partenaires sociaux serait lancé début 2017 pour parvenir à la publication prochaine d’un inventaire des formations certifiantes, à destination des élus du personnel.
UNE VAE MILITANTE OUVERTE
Un référentiel des mandats sociaux existe bel et bien depuis 2012, le Mandascop, concocté par l’association Réalités du Dialogue Social (RDS) avec l’ensemble des partenaires sociaux. Sauf qu’un décret apposé sur ce socle de compétences donnera un poids bien plus conséquent à l’égard des jurys universitaires qui sont les seuls habilités à valider les blocs de compétences, qui permettent à un représentant n’ayant pas le bac d’au moins valider ce niveau pour reprendre des études. Les certifications, enregistrées sous forme de blocs de compétences, permettront également d’obtenir des dispenses dans le cadre par exemple, d’une démarche de validation des acquis de l’expérience ouvrant, le cas échéant, à l’obtention d’un diplôme.
« Il est difficile pour certains d’accepter que la démarche universitaire ne soit pas la seule source de compétences et que l’expérience de terrain en est une, à part entière », explique Yannick Le Quentrec, sociologue et directrice depuis 2013 de l’Institut Régional du Travail (IRT) d’Occitanie.
Elle a notamment mis en œuvre en 2009 une démarche pilote de VAE avec 39 militants syndicaux et associatifs, dont 26 sont allés au bout grâce à un pilotage réunissant financeurs (OPCA) et certificateurs des cellules VAE des universités locales et un accompagnement du CIBC (centre de bilan de compétences) de Midi-Pyrénées. Les candidats à cette VAE militante se sont dirigés vers des diplômes en médiation, en sécurité, en secrétariat, en formation ...
« D’où l’intérêt de ne pas enfermer les militants dans des diplômes classiques de DRH ou de droit social », explique Yannick Le Quentrec.
Avec ce référentiel officiel, les DRH vont désormais disposer d’un point d’appui pour valoriser les compétences acquises par les représentants du personnel.