Libérer les usages démocratiques des données publiques
Engagé dans une politique d’ouverture et de partage des données publiques («open data»), l’Etat via la mission Etalab accompagne les fonctions publiques et les établissements publics pour mettre à disposition des jeux de données brutes que chacun peut croiser, mettre en scène afin « d’en libérer des externalités démocratiques, sociales et économiques ».
Les échos de Laure Lucchesi, la directrice d’Etalab.
Le champ des possibles en matière de réutilisation des données publiques à des fins de promotion de la démocratie sont sans fin. « Soit parce qu’elles permettent une plus grande transparence sur l’action de l’Etat ou des collectivités, soit parce qu’elles créent du lien entre les citoyens et les élus ou les services publics », explique Laure Lucchesi, la directrice d’Etalab, la mission rattachée au secrétariat général pour la modernisation de l’action publique.
C’est sur le portail data.gouv.fr que se trouvent tous les jeux de données rendus publics. Ils se ventilent en 9 thèmes, de l’économie au logement, en passant par les transports ou encore l’éducation et l’énergie. La mission Etalab s’employant à mettre en avant les réutilisations les plus significatives. D’où qu'elles viennent : de particuliers, de collectivités locales ou d’acteurs économiques. Les médias sont enclins au traitement et à la cartographie de ces jeux de données à l’instar par exemple de Slate qui proposait, en mai 2016, une visualisation des créations de VTC en Ile-de-France comme « miroir de la carte de la pauvreté francilienne ». Les grandes métropoles comme Paris ou Lyon jouent aussi l’open data avec des portails dédiés à la libre exploitation des données.
Mais, des acteurs économiques s’approprient aussi l'exercice. C’est ainsi que Mapotempo, une startup spécialisée sur les solutions d’optimisation de tournées s’est associé à Quorum Impact, une autre startup positionnée sur les solutions civic-tech pour lancer panneaux-election.fr. Le site permet d’optimiser les tournées des militants colleurs d’affiches électorales. L’occasion d’économiser 35000 km et 700 h aux militants. Mais, la démarche peut aussi être portée par des citoyens comme Stanislas de La Rivière pour sensibiliser aux enjeux de la participation aux élections, avec une cartographie par bureau de vote. « L'idée de cet outil est de cartographier la participation en la rapportant non pas aux inscrits sur les listes, mais à la population ayant le droit de vote. Cela permet d'identifier dans chaque bureau la proportion de non-inscrits sur les listes, et de sensibiliser à la mal-inscription qui est un des premiers facteurs d’abstention », explique l’initiateur de cette réutilisation de données. Rappelons que 12 millions de français n'ont pas participé à l’élection présidentielle de 2012…
Les 21 279 jeux de données en libre-service sur data.gouv.fr ont pour le moment déclenché 1 585 réutilisations. Un taux de transformation qui va progresser. Selon Laure Lucchesi, « on peut faire le pari que l’appropriation citoyenne s’étendra alors que l’open data se généralise dans les ministères et dans les territoires, et que de plus en plus de citoyens se familiarisent avec le numérique et la pratique du code. Des actions de formation et de sensibilisation sont engagées par Etalab et ses partenaires dans toute la France ».
Crédit photo : Fotolia, Etalab, Laure Lucchesi