Des chantiers solidaires pour libérer les inspirations en entreprise
La coopérative « Ça me regarde » organise des chantiers solidaires pour des entreprises qui désirent faire grandir leur collectif de travail. Une surprise que de participer à un atelier peinture pour les habitués des séminaires résidentiels, tout confort.
En une seule journée, dans le cadre d’une session d’intégration, 400 salariés de Deloitte ont remis à neuf, avec une grosse dose de peinture, près de 7 000 m2 de locaux au sein de l’association Aurore.
C’est un exemple de chantier solidaire que la coopérative « Ça me regarde » organise pour le compte d’entreprises dans le cadre de séminaires d’entreprise organisés sur le temps de travail ou via des RTT solidaires (sur les jours de congés) avec un dénominateur commun : faire grandir le collectif, en venant en aide à une association.
Si l’atelier de peinture a un gros succès, le réseau des associations partenaires permet aussi de proposer des activités de tri, de nettoyage de plages ou d’accompagnement de jeunes en insertion professionnelle. Le panel est large. « Nous n’avons pas pour vocation de proposer un catalogue. Nous partons des besoins concrets des associations pour proposer du sur-mesure », explique Arnaud Fimat, co-fondateur de cette coopérative qui prend bien garde à ne pas tomber dans ce qui pourrait ressembler à un social washing.
« Nous ne rémunérons pas les associations pour accueillir des salariés bénévoles car nous apportons une véritable force de travail. Nous ne sommes pas dans des opérations d’image. D’ailleurs, aucun client n’a pas exemple souhaité la présence de médias pour couvrir des chantiers solidaires »,
tient ainsi à préciser le co-fondateur de « Ça me regarde » qui emploie 4 personnes.
Faire grandir le collectif
Sur les RTT solidaires, il faut au minimum 5 salariés volontaires pour organiser une mission mais une vingtaine de participants en moyenne se propose. Pour la société Covea, par exemple, 18 journées ont été organisées. La démarche ne s’arrête pas à une journée solidaire. Au bout de 15 jours, « Ça me regarde » organise un second rendez-vous avec les seuls participants. « L’objectif est de donner l’occasion aux participants d’exprimer à froid ce que l’expérience vécue leur donne envie de changer au niveau professionnel. C’est la principale différence avec le mécénat de compétences où les démarches sont individuelles. Notre approche vise à faire grandir le collectif de l’entreprise », détaille Arnaud Fimat.
Choc des cultures
Les motivations des directions sont diverses, à l’image d’un comité de direction qui a voulu sensibiliser ses responsables régionaux aux enjeux de la RSE, avec la volonté de partager 5 axes stratégiques. Alors que les responsables opérationnels étaient plutôt éloignés de ces préoccupations, ils ont été amenés à accompagner des jeunes en difficulté, pris en charge par un EPIDE (Etablissement Pour l’Insertion Dans l’Emploi). De quoi donner matière à réfléchir sur le sens concret du développement durable. Selon Arnaud Fimat, les immersions proposées sont un subtil mélange entre l’émission « Tous ensemble » (des chantiers pour sauver des familles), animée par Marc Emmanuel et « Rendez-vous en terre inconnue » de Frédéric Lopez. On est loin des séminaires en mode karting ou montgolfière... Mais les potentiels nouveaux clients ne sont parfois pas suffisamment mûrs, à l’image de ce directeur général qui voulait organiser un séminaire en mode chantier, alors que ses équipes étaient habituées aux formules champagne. « Ça me regarde » a dû lui expliquer que ce n’était pas encore le moment et qu’il risquait de se mettre en porte à faux par rapport à ses équipes et de perdre le sens voulu.